Mercredi dernier je me suis donc rendu au tribunal de police de Bobigny pour me défendre d'une amende pour circulation sur une voie de bus (pas celle de Paris mais celle de la RN3, non limitée et réservée que pendant certaines heures). Première expérience du monde de la justice autre qu'à la télévision pour moi et drôle d'expérience que je viens vous raconter.

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Rendez-vous donc dans cette salle, les bancs d'un coté, le tribunal en hauteur de l'autre et au milieu de tout ça la barre, du moins le demi cercle faisant face aux représentant de l'état. Pas moins de 50 personnes présentent cette après midi là. Le tribunal arrive, tout le monde se lève, la séance est ouverte.

En séance publique, c'est également devant tout le monde que l'on doit se défendre, avec avocat (vous passez dans ce cas en premier) ou non. Le tribunal de police ne s'occupe principalement que des contraventions et pour être passé après 2h30 d'attente, ce fut le cas de 90% des cas pour des contraventions concernant l'automobile (radar, feu rouge, voie de bus ...).

Les premiers dossiers sont traités et on se rend vite compte que les gens viennent se défendre avec des excuses aussi bidon que la carte de journaliste de Morandini. Dire pour un radar que ce n'était pas vous au volant et que vous aviez laissé la voiture à dispo a vos amis lors d'une soirée et que personne veulent se dénoncer ... non. Dire qu'au volant c'était votre ex-copine, que les flics ont noté le numéro du permis sur l'amende et qu'en plus vous êtes noir, votre ex blanche et que les flics n'ont pas fait gaffe, non. Dire que vous étiez sur une voie de bus pour chercher une place de parking, non. Dire que vous avez une lettre de votre employeur justifiant votre présence au bureau et non dans la voiture flashée et que cette lettre à entête de la société n'a ni de mise en forme, ni nom du directeur, ni signature et cachet de l’entreprise, non. Il ne faut pas les prendre pour des imbéciles, ils font ça quotidiennement. Par contre, avec l'aide d'un avocat beau parleur, se défendre sur le fait que sur la contravention la mention de radar fixe ou mobile est absente et donc la marge d'erreur appliquée sans doute fausse, ça oui ça marche !

Devant ces histoires, la situation prêtait a sourire quelques fois et une certaine ambiance sympathique entre les personnes grandissait sur les bancs. On se demandait l'heure ou un stylo et réagissait ensemble de temps. Et puis vient le moment où tout bascula. Car avant de traiter votre dossier, le juge vous fait confirmer votre identité, adresse, casier judiciaire, emploi et le motif de votre présence ici. Alors quand les petits voyous du 9.3 viennent à la barre avec un casier double page et qui affirment que cette fois çi le rapport des flics est tout faux, ça prête beaucoup à sourire mais quand un homme apparemment sans histoires, vient devant le tribunal de police à séance publique pour contester un feu rouge et que le juge cite son casier judiciaire avec "viol sur mineur, 5 ans de prison, atteinte à la pudeur sur mineur ..." là la salle devient tout de suite silencieuse, glacée d'effroi. D'un seul coup, les gens se demandant à côté de qui sont t'il assis réellement et ne se mettent plus trop à parler ...

Quand en 2h30 de temps je vois passer à la barre 4 gros enculés pour viol, attouchements ou pédophilie, dont un moniteur d'auto école (?!?!) je ne peux que me retenir de ne pas me lever et les insulter. Comment ces gens peuvent avoir le culot de venir devant le public et venir contester une amende 90€ ? J'en soupçonne même un d'avoir pris un plaisir à être désigné comme tel lors de la lecture de son casier. Il faut savoir être calme pour se retenir de ne pas les attendre à la sortie ... j'en connais un qui s'il aurait été là en aurait fait volontiers son gouter. D'ailleurs pour les sérial killer en herbe, le tribunal de police est une bonne adresse pour d'éventuelle prochaines victimes. Nom, adresse et casier, voilà une bonne source de déchets de la société à nous débarrasser sans modération !

Quand à mon passage, depuis le début les souhaits du commissaire étaient suivis par le juge. Confiant et ayant préparé mon speech depuis longtemps je me suis lancé dans une plaidoirie honnête et constructive. J'ai rejeté le fait de circuler dans cette voie argumentant que j'étais en insertion sur la RN3 venant d'un carrefour toujours bouché et dont il fallait faire de la place rapidement. Le commissaire ayant dans les autres dossiers de voie de bus répété maintes fois que la police luttait activement contre ça, je lui ai rappelé que si des contrôles ne se feraient pas les matins aux heures de pointes à cet endroit là, les bouchons seraient moins important. Je lui ai aussi rappelé qu'à côté de cette répression, les voitures garées sur la voie de bus, matin et soir, devant le collège Anatole France et l'école maternelle ne sont jamais inquiétés malgré la présence de la police, "je croyais que la justice était la même pour tous" ... mi-applaudissement de la salle, sourire en coin du juge, je venais de marquer un précieux point. Résultat, le commissaire a demandé 200 euros, le juge m'a condamné à 150 dont -20% si je paye d'ici 1 mois. Cela fait donc 120 euros au lieu de 90 euros.

L'expérience aura été riche pour moi et je la conseille à tout le monde (entrée libre pas besoin de se prendre une amende non plus). Elle pourrait même faire l'objet d'un blog racontant les plus gros dossiers tellement les gens sont fous de croire que leur histoires seront gobées comme un flan. Avis aux blogueurs en mal d'inspiration qui ont une après-midi par semaine à consacrer à ça ...